Caractérisation du paysage immunitaire des centenaires françaises pour une meilleure compréhension du vieillissement en bonne santé des femmes
Le vieillissement de la population est un enjeu majeur de santé publique, particulièrement pour les femmes, qui vivent plus longtemps que les hommes. Pourtant, la perception qu’ont les femmes de leur état de santé demeure plus mauvaise que celle des hommes du même âge (15–85 ans), et l’on observe par ailleurs une augmentation de certaines morbidités, notamment des maladies liées au tabac ou de certains cancers (données : Santé publique France). Dans ce contexte, les centenaires sont représentés à plus de 85 % par des femmes et constituent un modèle naturel de vieillissement réussi, capables d’échapper longtemps aux maladies graves et invalidantes, et de résister aux fragilités et pathologies du grand âge. Mieux comprendre les mécanismes biologiques et immunitaires qui leur permettent d’atteindre un âge aussi exceptionnel pourrait ouvrir la voie à des stratégies pour promouvoir un vieillissement en bonne santé chez toutes les femmes.
Avec l’âge, le système immunitaire subit une altération progressive de ses fonctions, un processus appelé immunosénescence, marqué par une diminution de la réponse immunitaire adaptative et une moindre capacité à lutter contre les infections ou à éliminer les cellules anormales. Parallèlement, on observe une inflammation chronique de bas grade, dite inflammaging, caractérisée par une production persistante de cytokines pro-inflammatoires. Ce déséquilibre favorise l’apparition de maladies chroniques et de la fragilité. Cependant, certaines personnes semblent capables de maintenir une régulation fine entre réponses pro- et anti-inflammatoires, traduisant un vieillissement immunitaire plus résilient et potentiellement protecteur.
Ce projet de recherche vise à caractériser de manière exhaustive le système immunitaire des femmes centenaires, de leurs descendants et de femmes plus jeunes, en s’appuyant sur des approches haut-débit intégratives, multi-modales et multi-omiques à haute résolution. En étudiant le sang de ces participantes grâce à des approches biologiques et numériques innovantes, nous chercherons à identifier les facteurs immunitaires et génétiques associés à une longévité exceptionnelle.
À terme, ces travaux pourraient conduire à la découverte de nouveaux biomarqueurs du vieillissement en bonne santé, voire à des stratégies pour préserver les défenses immunitaires avec l’âge. Comprendre comment certaines femmes résistent si bien au temps pourrait ainsi ouvrir la voie à un vieillissement plus sain pour toutes.