Projet COPER
Facteurs de risque et déterminants d'une forme prolongée de COVID-19
Une étude en population générale
Investigateurs coordinateur : Dr Olivier Robineau
Des patients infectés par le SARS-COV-2 se plaignent de la persistance de symptômes associés à cette infection. La durée de cette persistance n’est pas connue. Il en va de même de ses déterminants.
Les symptômes présentés semblent non spécifiques en dehors de l’anosmie. L’origine physiopathologique de cette persistance peut être virologique, inflammatoire, dysimmunitaire et/ou psychologique.
Objectif
L’objectif de cette proposition est d’étudier les formes longues d’infections par le SARS-COV-2 sur le plan épidémiologique, clinique, psychiatrique et physiopathologique chez les participants de l'étude SAPRIS-Séro qui associent des cohortes en population générale existantes.
Le projet financera la comparaison des patients infectés par le SARS-CoV-2 et ayant des symptômes persistants aux patients n’ayant pas fait l’infection par le SARS-COV-2 afin de rechercher des associations de symptômes spécifiques de la forme prolongée de COVID-19 (FPC).
Ce projet longitudinal permettra également d’explorer les facteurs de risque de FPC, l’évolution naturelle de cette maladie et d’explorer ces déterminants immunologiques, inflammatoires et psychiatriques par la réalisation d'une étude cas-témoins.
Ce projet longitudinal permettra de mettre en place une banque de prélèvements biologiques à des fins de recherche sur la thématique des conséquences à moyen et long terme de la COVID-19.
Contexte
La maladie COVID-19 est une infection polymorphe tant par sa présentation clinique pouvant associer de nombreux symptômes, que par sa gravité 1. Les données récente montre qu’une proportion importante de patients (de 30% à plus de 70%) présente des symptômes persistants après 6 mois de suivi 2,3.
Les données françaises les plus récentes chez des patients n’ayant pas été hospitalisés confirment la possibilité d’une persistance de symptômes au-delà de 5 mois (au moins 20% des patients ambulatoires ont une plainte persistante d’après les données issues du logiciel de suivi des patients en ville « LIFEN »). La symptomatologie reste polymorphe au cours du temps avec pour principaux symptômes : l’asthénie, des troubles neurocognitifs ou sensoriels, la dyspnée, les douleurs thoraciques et articulaires, l’anosmie4.
La définition du « COVID-Long » reste ainsi imprécise car les connaissances physiopathologiques restent peu nombreuses.
Les hypothèses vont de l’origine virale à l’origine psychologique 5.
La réactivation virale pourrait concerner un certain nombre de patients6,7. L’hypothèse de troubles auto-immuns persistant est également possible. Il a été rapporté sur de courtes séries de patients COVID-19, une fréquence élevée d’anticorps anti-nucléaires à des taux significatifs. Ces taux ne semblent en réalité pas trop éloignés des valeurs en population générale, leur corrélation avec les symptômes cliniques n’est pas claire et leur évolution dans le temps n’est pas définie.
L’élévation de ce type de marqueur en période post infectieuse est classique et habituellement sans retentissement clinique. Approfondir les recherches de dysimmunité sur d’autres type d’anticorps est également d’intérêt. Il pourrait également s’agir d’un état pro-inflammatoire persistant en lien avec la réponse humorale et cellulaire compte tenu des anomalies révélées à la phase aiguë de la maladie et dans le suivi précoce 8–10.
Il est important de noter que d'autres infections par des virus à ARN, comme le virus Ebola, peuvent provoquer une symptomatologie persistante à distance de l'épisode aigu 11. La COVID-19, par sa physiopathologie initiale, pourrait provoquer le même type de complications à distance. La comparaison des marqueurs inflammatoires liés à l’immunité spécifique déclenchée par l’infection par le SARS-CoV-2 dans les populations présentant ou non ces symptômes est donc d'un réel intérêt.
Enfin, la persistance de symptômes dans le cadre d’un trouble somatoforme ou lié à des troubles psychiatriques sont à évoquer également 12,13. Certains symptômes ou syndromes, notamment les manifestations neuropsychiatriques, peuvent être liés aux effets indirects de la pandémie sur la santé des personnes, conséquence des stress induits par la crise sanitaire.
Ces manifestations ne sont pas causées par l'infection (on les retrouve chez des personnes qui n'ont pas été infectées) et doivent pouvoir être distinguées de celles qui traduisent les manifestations à long terme d'une infection.
Ce point est d'une importance capitale pour définir les symptômes/syndromes/maladies qui pourraient être causés par l'infection par le SARS-CoV-2.
Ainsi, dans la pratique clinique, des données épidémiologiques solides sont nécessaires pour éviter d'établir de fausses associations causales entre deux maladies sous prétexte qu'elles sont consécutives ou simultanées. Une étude basée sur des données recueillies prospectivement (cohorte) avec une caractérisation phénotypique appropriée, offre la possibilité de comparer de manière prospective des individus avec et sans la maladie en termes de symptômes/syndromes/maladies apparaissant au cours du suivi.
Bibliographie
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