Professeur Jean Dausset


Médecin en pleine guerre

Jean Dausset est né le 19 octobre 1916 à Toulouse.

Devenu médecin en pleine guerre de 1939-1945, d’abord réanimateur aux Armées et transfuseur, il fut affecté à Paris en 1944, au “Service central de transfusion-réanimation de l’Armée”, dirigé par le Docteur Arnault Tzanck qui deviendra son maître en transfusion sanguine et lui inculquera la passion de la recherche dans son laboratoire de recherche en hématologie.

Après un séjour aux États-Unis en 1948 où il étudia les maladies auto-immunes, il rentra avec l’idée que l’auto-immunité des globules rouges, alors parfaitement identifiée par le phénomène d’agglutination, pourrait également exister chez les globules blancs.


Complexe Majeur d’Histocompatibilité

Il parvînt à le prouver en 1952 lorsqu’étudiant le sérum d’une patiente polytransfusée, il montra que la perte de globules blancs qu’elle subissait du fait de sa maladie résultait non pas d’une auto-immunisation mais d’une immunisation contre les globules blancs de ses divers donneurs de sang. Il prouva alors qu’il peut exister des groupes de globules blancs comme il existe des groupes sanguins A, B, O. Mais les anticorps générés par les leucocytes apparaissant seulement suite à l’intrusion d’un élément étranger lors de transfusions, grossesses, greffes, il lui fallut plusieurs années pour définir le système H.L.A.

Persévérant, il réalisa ce travail dans le laboratoire d’Arnault Tzanck, désignant en 1958 son 1er groupe identifié sous le nom de M.A.C. (initiales de 3 donneurs de sang volontaires parmi le personnel du CNTS).

En 1964, il définit une longue série de ces antigènes sous le nom de Complexe Majeur d’Histocompatibilité ou H.L.A. (Human Leucocyte Antigen).

Il pensa alors que la connaissance de ces groupes H.L.A. pourrait s’avérer très importante pour les transplantations d’organes. Il le démontra, aidé de son collaborateur Jacques Colombani, dans son nouveau service de l’Hôpital Saint-Louis, en étudiant les greffes de peau de nombreux volontaires qu’il sollicita par voie de presse.

Dès 1969, il organisa, au niveau mondial, la coordination entre les différents acteurs du don et de la transplantation d’organes, en créant France-Transplant, repris ensuite par les services publics (Établissement français des greffes puis Agence de la Biomédecine).

Pour ces travaux et la découverte du système H.L.A., il a reçu le Prix Nobel de Médecine en 1980 (avec les professeurs B. Bénacerraf et G. Snell).


Centre Hospitalier Universitaire (C.H.U.)

Dès les années 1950, Jean Dausset souhaitait que soit modifié le fonctionnement des hôpitaux et défendait le plein temps hospitalier, la fusion des carrières universitaires et hospitalières. Jeune Mendésiste, il fut appelé au cabinet de René Billières au Ministère de l’Éducation Nationale, quand Mendès-France devint ministre d’État et Guy Mollet Président du Conseil.

Avec Raymond Poignant du Conseil d’État, il rédigea les textes de la réforme des études médicales. Soutenu par Robert Debré puis par Michel Debré, ces textes deviendront les ordonnances, signées par le Général de Gaulle fin 1958, qui ont créé les C.H.U..


Centre d’Étude du Polymorphisme Humain

Amateur d’art, Jean Dausset avait, dans les années 1950, ouvert une galerie d’Art, la “ Galerie du dragon ”, que fréquentaient Tristan Tzara, Gérard Philippe et André Breton, mais aussi une collectionneuse de peintures, Hélène Anavi.

A sa mort, celle-ci lui légua sa collection afin qu’il la vende et fonde un centre de recherche. Ainsi, en 1983, il créa l’association “ Centre d’Étude du Polymorphisme Humain ” qui devînt la Fondation Jean Dausset-CEPH, reconnue d’utilité publique en 1993.

Jean Dausset a initié la première coopération internationale de cartographie du génome humain qui a conduit :

  • au lancement du programme international de séquençage du génome humain en 1990,

  • à la publication de la séquence complète du génome humain en 2003.


Jean Dausset est décédé le 5 juin 2009. Tous ceux qui l’ont connu gardent le souvenir d’un homme humble, qui a toujours rendu hommage aux donneurs ayant permis ses études et à ses collaborateurs. Un homme qui est resté simple alors qu’il fut aussi :

  • Professeur agrégé d’hématologie à la faculté de Médecine,

  • Chef du service d’hémato-sérologie-immunologie à l’Hôpital Saint-Louis,

  • Professeur au Collège de France, Président fondateur de France-Transplant,

  • Président de France Greffe de Moëlle et

  • Président fondateur du Mouvement Universel de la Responsabilité Scientifique (MURS).